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Des activités et usages de l'eau multiples

Depuis les années 50, la démographie est en constante augmentation sur le bassin versant comme sur l’ensemble du département avec une concentration particulièrement accrue en aval du barrage de Vinça et sur la bande littorale (densité moyenne de 114.4 hab/km2 en 2015 contre 68.5 dans les années 50). A cela s’ajoute une forte pression touristique en période estivale où la population double d’effectif.

Les évolutions de l'occupation des sols traduisent ce développement démographique des zones urbaines, industrielles ou commerciales notamment sur des espaces agricoles situés en périphérie de zones urbanisées. L’amont du bassin se caractérise par un milieu à 95% naturel alors que l’espace urbain n’occupe que 2% et l’espace agricole 3% (prairies associées à l’élevage bovin et ovin). A l’inverse, la partie aval est largement occupée par l'agriculture et l'urbanisation : les caractéristiques physiques de ce territoire (vallées plus large qu'à l'amont, reliefs moins marqués) expliquent notamment le développement des activités humaines.

L’agriculture

La Surface Agricole Utile (SAU) du bassin versant est d’environ 35 000 ha ce qui représente quasiment le 1/3 de la SAU départementale. Logiquement l’activité agricole est beaucoup plus présente à l’aval du barrage de Vinça, d’une part du fait d’une morphologie de plaine adaptée et de la présence de terres alluviales riches, mais également du fait du rôle du barrage prépondérant sur le soutien d’étiage et donc sur la disponibilité de la ressource, transitée ensuite par les nombreux canaux de la plaine.

L’amont du bassin versant de la Têt regroupe la majorité des prairies associées à l’élevage bovin allaitant et ovin alors que l’aval est principalement orienté vers l’arboriculture (en majorité des pêchers) ainsi que la vigne dont près de 70% est en vigne d’appellation (AOC Côtes de Roussillon, Côtes du Roussillon Villages et Rivesaltes). Dans ce contexte, l'agriculture biologique compte 344 producteurs cultivant 8500 ha dont 1700 ha de vignobles et 900 ha cultures maraîchères et de vergers. Le nombre d’exploitations agricoles a considérablement diminué entre 1979 et 2000. Il est passé d’environ 1900 à 1000 exploitations, soit une chute de près de 50% mais malgré les difficultés conjoncturelles, les techniques agricoles évoluent.

La vallée de la Têt, une zone d'irrigation importante

Le bassin versant de la Têt concentre les 2/3 des superficies irriguées du département ce qui représente environ 10 000 hectares, dont 80% sont des vergers avec pour production dominante la pêche. Cette irrigation se fait principalement par l'irrigation par les canaux qui prélèvent dans la Têt et par l'irrigation à l'aide de forages dans les nappes plio-quaternaires.

Le bassin comporte en effet un réseau de canaux important, édifiés pour certains dès le Moyen Age voire dès l’époque des Templiers (XIIIème siècle) pour alimenter forges et moulins. Les prélèvements d’eau, qui s’effectuent directement en berge grâce à des vannes ou des « ras closes » (association seuil/prise d’eau), servent principalement aujourd’hui l’irrigation agricole ou les petits jardins. La structuration de ces réseaux de canaux est très complexe et les Associations Syndicales Autorisées (ASA), en charge de leur gestion sont très nombreuses ; on dénombre 104 canaux pour 150 ASA.

Au cours du temps, la fonction initiale de ces canaux a évoluée. L'irrigation agricole et l'évacuation des eaux pluviales ont aujourd'hui remplacé la fonction première, essentiellement énergétique de sorte que plusieurs canaux s'interrogent sur leur repositionnement stratégique et ont lancé des études de type "contrat de canal".

Sur l’ensemble du bassin, les prélèvements bruts agricoles s’élèvent à environ 275 millions de m3 par an avec un pic de prélèvement étant atteint en juillet et 4/5° du volume prélevé en aval du barrage de Vinça.

Alimentation en eau potable

Une centaine de communes, regroupant près de 50% de la population du département sont alimentées en eau à partir des ressources du bassin versant de la Têt. La ressource utilisée diffère suivant les secteurs et en fonction du type de ressource disponible : à l’amont, la ressource préférentielle est l’eau de surface alors qu’en aval sont surtout exploitées les eaux souterraines de l'aquifères plio-quaternaire.
Les prélèvements tous types de ressource confondus s’élevaient en 2008 à environ 23 Millions de m3. Il existe néanmoins une variabilité annuelle comme pour la période de Juin à Septembre pour laquelle les prélèvements sont en moyenne 15% plus élevés que le reste de l’année en raison notamment de l’afflux touristique qui caractérise cette période.

A l’échelle du bassin versant, on notera que près de 3/4 des volumes utilisés pour l'AEP sont majoritairement prlevés entre Vinça et Perpignan et que près de 85% de la ressource utilisée provient de l’aquifère plio-quaternaire.

Industries

Le bassin versant est peu industrialisé et ne compte que 12,6% d’entreprises industrielles réparties en 3 pôles : Perpignan (80% de l’activité économique), Prades (44 entreprises et 400 emplois) et Canet en Roussillon (2600 emplois et CATANA, fabriquant de bateaux et catamarans de pointe). En 2008, quinze industries prélevant de l'eau étaient recensées sur le bassin versant de la Têt (hors production de neige) et représentaient un prélèvement total d’environ 981 000 m3. Parmi eux, 3 concentrent plus de 80% du prélèvement total et le plus important est la Chocolaterie Cantalou, à Perpignan, qui représente plus de 54% des prélèvements soit environ 500 000 m3/an.

Activités de loisirs et sports nautiques

L'activité halieutique, la pêche, est présente et bien structurée à l'échelle du bassin versant de la Têt. La fédération des Pyrénées orientales pour la pêche et la protection des milieux aquatiques compte 29 AAPPMA pour environ 11 000 pêcheurs dont la répartition des adhésions suit globalement les gradients de densité de la population. Le bassin versant de la Têt est donc un bassin fréquenté. L'activité reste néanmoins conditionnée à l'amélioration de l'état des eaux et des milieux, ainsi qu'à l'accessibilité aux zones propices. Actuellement, un arrêté préfectoral (cf. "qualité des eaux superficielles") interdit toute consommation de la pêche entre Saint Feliu et l'embouchure pour cause de présence de PCB dans la chair des poissons. Ce constat sera peut être un levier supplémentaire aux projets de la Fédération de Pêche concernant la mise en place de parcours no kill (pêche sportive).

Thermalisme

Le thermalisme du Roussillon remonte au XVIIIe siècle et le bassin versant compte à ce jour 3 stations thermales, Molitg les Bains (3634 curistes en 2010) et Vernet les Bains (2950 curistes en 2010) et Thuès les Bains ainsi que des établissements sans prétention médicale comme Saint Thomas les bains qui propose des programmes de relaxation et des soins de beauté. Molitg les Bains est réputé dans le cadre du traitement des maladies de la peau, des voies respiratoires et rhumatismes. La réputation des thermes de Vernet les Bains repose sur une qualité des eaux (sulfurées et silicatées) connues depuis des siècles et ont pris leur essor à partir du XIIIe siècle. L'établissement propose des soins relatifs à la rhumatologie et les affections broncho-pulmonaires.

Les stations de ski

A la fin du XIXe siècle, l’abondance et la fréquence de la neige dans les villages de la partie amont du bassin interdit de nombreuses activités économiques mais cet handicap se transformera progressivement en opportunité dans la mesure où des stations de ski vont commencer à voir le jour. L'espace Cambre d'Aze compte aujourd'hui comme le troisième domaine skiable en terme de fréquentation (114 368 skieurs en 2010 - données neige catalane) à l'échelle départementale (8 stations au total). Afin de sécuriser cette activité les gestionnaires ont progressivement investi dans des systèmes de canons à neige, régulant ainsi la production. Pour alimenter ses 157 canons enneigeant environ 21 ha, la station du Cambre d’Aze effectue ainsi des prélèvements un affluent de la Têt, le Rec del Moli où une retenue collinaire de 2 800 m3 a été aménagée. Le prélèvement net pour cet usage s'élève à environ 272 000 m3/an.

Hydroélectricité

La topographie du bassin versant de la Têt offre un potentiel intéressant pour la production d’hydro-électricité et l’on dénombre une quinzaine de centrales réparties dans la section amont du bassin versant entre la retenue des Bouillouses et la confluence de la Castellane. Exploité par concession depuis un siècle, l’ouvrage des Bouillouses constitue l’élément essentiel du complexe hydro-électrique de la vallée. Notons que cette retenue des Bouillouses fût initialement motivée pour les besoins en alimentation électrique du train jaune (train emblématique de la région) mis en service en 1910 puis, via la convention du LANOUX de permettre de réguler le cours supérieur de la Têt en soutien pour l'irrigation.