Le bassin versant de la Têt a, de mémoire humaine, toujours été confronté au risque d'inondation. L'évènement le plus ancien dont on ait une trace écrite remonte à l'an 878. Ces crues, parfois destructrices, ont façonné le territoire tel que nous le connaissons aujourd'hui.
Le Syndicat de la Têt a souhaité réaliser un ouvrage permettant de retracer l'histoire du bassin versant à travers les époques.
Les chroniques de crues, observées depuis 1951, ne rendent pas compte de tendances bien nettes, sinon d’une sensible diminution des événements au moins équivalents à un débit de 194 m3/s (à l’aval du barrage de Vinça). Cela n’empêche cependant pas la survenue d’événements plus importants tels que ceux enregistrés en 1992 (1110 m3/s à Perpignan) ou même 1999 (876 m3/s). Même remarque pour 1940 (3620 m3/s).
La crue du 26 septembre 1992 est l’événement le plus fort survenu après la crue de 1940 et depuis la mise en service du barrage de Vinça (1976). 40% (1600 km²) de la superficie du département ont reçu au moins 150 mm d’eau en 4 heures, avec des abats d'eau se déplaçant d'amont en aval et générant d’énormes dégâts. Les précipitations débutent en effet sur les reliefs vers 16 heures avec des intensités horaires très fortes (49mm en une demi-heure à Vernet les bains, 82 mm en 1h) puis, dans la soirée, elles cessent pour se déplacer vers la plaine du Roussillon où les pluies débutent vers 19h.
Dans le bassin supérieur de la Têt, ce sont les affluents rive droite (Mantet, Rotja) qui ont connu les plus fortes crues alors que la montée fût modérée rive gauche. A l’aval, le débit à l’entrée de Perpignan (Pont Joffre) est passé de 40 m3/s à 1115 m3/s en moins de 4 heures. La retenue de Vinça lamine la crue de 1130 m3/s à 200 m3/s mais les affluents portent ce débit à 1115 m3/s à Perpignan (soit une différence > 800 m3/s). Comme le souligne l’AZI (2008), sans le barrage de Vinça les communes de la plaine littorale (Bompas, Villelongue, Sainte Marie et Canet) auraient été submergées. Sur la plaine les orages s'atténuent vers 23 heures mais à ce moment arrivent les vagues de crues des cours d'eau prenant naissance sur les contreforts du Canigou.
Un rapport de la DDAF de 1992 indique des dégâts estimés à hauteur de 400 millions de francs à l'échelle départementale, d'où la constatation de l'état de catastrophe naturelle de 27 cantons.
La pluviométrie a principalement affecté la plaine du Roussillon et le piémont, avec un axes de maximum sensiblement Sud Nord (Cf. planche cumul pluviométriques), les plus forts cumuls se localisant notamment à Thuir (413 mm). Avec un débit maximal d’environ 850 m3/s à Perpignan (période de retour 10 ans) cette crue est le fruit d’une contribution forte du bassin aval (avec néanmoins une contribution faible de la part du Boulès) en particulier au regard du fonctionnement en transparence du barrage de Vinça dont les lâchures sont restées comprises entre 90 et 126 m3/s. Cet évènement a provoqué des débordements de tous les cours d’eau aval rive gauche de la zone d’étude. Ainsi, de nombreux villages du secteur aval rive gauche ont été inondés. Ce fût notamment le cas de Corneilla-la-Rivière par le ravin des Coumes, de Pézilla-la-Rivière par le Clot d’en Godail et le ravin de la Berne, Villeneuve-la-Rivière par le ravin de Padrère et le Manadeil et Baho par le Manadeil. L’événement constitue donc une référence pour les affluents avals rive gauche alors que la période de retour estimée pour le débit de la Têt à Perpignan n’est que de 11 ans.
A noter également que cet événement climatique est survenu en présence de vents violents d’Est qui ont généré des surcotes en mer et donc gêné l’évacuation des eaux vers la mer, renforçant d'autant les conséquences sur les communes du littoral.
Globalement donc, depuis Arboussols et jusqu’à la mer, les communes ont pratiquement toutes été reconnues en état de catastrophe naturelle (100 communes du département) pour inondations "de plaine" (la Salanque), "par ruissèlement ou pluvial" (Perpignan), "crues torrentielles" (Thuir, Pézilla, etc.), ou encore "coulées de boues" (Castelnou, Llupia). Néanmoins, il est difficile d’établir un bilan financier précis des conséquences de cette crue en raison de la diversité des préjudices mais l’on peut retenir les ordres de grandeurs suivants :
La tempête Gloria a engendré de fortes précipitations sur l'Est de la chaine des Pyrénées. La crue survenue entre le 21 et le 23 janvier 2020 est l'événement le plus fort survenu après la crue de 1940.
Cet épisode méditerranéen est la conséquence d'un puissant anticyclone positionné sur la Grande-Bretagne avec des pressions proches des records couplé avec une goutte froide sur le Sud de l'Espagne. Cette configuration a été propice à l'installation d'un puissant vent marin qui a apporté beaucoup de pluie dans la durée. L'épisode se distingue par sa longueur plutôt que son intensité qui offre des cumuls sur 72h au delà de 300 mm sur l'Ouest des Pyrénées-Orientales et de 200 à 300 mm sur la plupart du département.
L'hydrogramme de crue de la Têt à Perpignan est constitué de deux pics : un franchit les 1010 m3/s le 22 janvier à 17h, l'autre, plus important, atteint un débit de 1280 m3/s. La période de retour de la crue de la Têt à Perpignan a été estimée à environ 50 ans.
La Têt n'a que très peu débordé entre Millas et Perpignan, mais la RN 116 a été inondée sur la commune de Le Soler au niveau de l'échangeur reliant la nationale D916. Le secteur le plus impacté par la crue se trouve en aval de la commune de Bompas. Lors des deux pics de crue, des débordements sont survenus environ 1 km à l'amont et à l'aval du passage à gué de Villelongue-de-la-Salanque en rive gauche et en rive droite de manière simultanée. Pour le deuxième pic de crue, ont vu s'inonder les communes de Villelongue-de-la-Salanque et Sainte-Marie-la-Mer en rive gauche et Canet-en-Roussillon en rive droite, pour des enjeux agricoles car les digues de Las Bigues ont assuré la protection du village.